25 septembre 2024
Elle aurait pu être chef d’entreprise, poursuivre sa carrière d’athlète ou devenir une planificatrice financière à l’échelle internationale. Marjène a plutôt choisi l’enseignement. En fait, c’est l’enseignement qui l’a interpellée. Dès sa première expérience à HEC Montréal, la jeune chargée de cours se plaît dans cet univers dynamique et stimulant. « Expliquer des notions complexes à des étudiantes et étudiants et les voir sourire lorsqu’ils comprennent m’émeut », confie Marjène Rabah Gana, professeure enseignante en finance à l’ÉTS.
La finance a toujours fait partie de la vie de Marjène. Son père était propriétaire d’une firme-conseil en Tunisie, et donc, très tôt, Marjène se familiarise avec la langue du monde des affaires. Ayant un penchant naturel pour les mathématiques, Marjène ressent une grande satisfaction à solutionner des problèmes. Ce n’est pas étonnant qu’elle ait réuni ses deux passions, les mathématiques et la finance, pour en faire sa spécialité.
Bâtir son expertise, étape par étape
Après un baccalauréat tunisien en mathématiques (l’équivalent d’un DEC), Marjène vient rejoindre son frère à Montréal pour la suite de ses études. Elle s’inscrit à HEC Montréal et obtient un baccalauréat en administration des affaires, option finance et technologie de l’information en 1995, puis une maîtrise en sciences de gestion, option finance, en 1998.
Sa rencontre avec le professeur Jean-François L’Her, avec qui elle a entamé sa recherche doctorale à HEC Montréal, est déterminante. « Il a sauvé cinq ans de ma vie en me mettant en relation avec Michel Levasseur, un éminent professeur de finance qui a marqué mon parcours universitaire. Non seulement ce professeur a facilité mon inscription en thèse de doctorat à l’Université de Lille en France, mais il a été mon directeur de thèse et mon mentor », s’exclame Marjène. En 2005, elle reçoit son doctorat avec la mention très honorable et les félicitations du jury.
Les modèles mathématiques liés à la valeur intrinsèque
Marjène Rabah Gana, professeure enseignante à l’ÉTS
Le marché fourmille de gens qui proposent des stratégies diverses pour gagner le plus d’argent possible. Pour Marjène Rabah Gana, un principe fondamental demeure : le prix déterminé par les modèles mathématiques représente la véritable valeur. Tôt ou tard, cela se reflète sur le marché.
Depuis vingt-cinq ans, Marjène explique les lois du marché et les règles de l’entrepreneuriat dans différentes universités d’ici et d’ailleurs, et depuis cette année à l’ÉTS. Elle aimerait amener les ingénieures et ingénieurs à comprendre que le meilleur des projets ne verra jamais le jour si l’aspect financier n’est pas analysé en profondeur. « Au-delà de l’intérêt du projet pour la société, pour la communauté ou pour une ville, il faut pouvoir le vendre à un banquier ou à un investisseur. Et alors, connaître le langage de la finance est nécessaire », explique la professeure Rabah Gana.
L’équilibre entre la recherche et l’enseignement est crucial pour Marjène Rabah Gana. L’une nourrit l’autre. La chercheuse se penche actuellement sur deux volets : la finance durable et les prévisions des analystes financiers.
L’éthique, la voie de l’avenir en finance
Marjène Rabah Gana n’en doute pas. « Quand on organise un portefeuille, on fait des choix, et de plus en plus, les choix sont verts et équitables ». Une entreprise qui désire être socialement responsable engrangera peut-être moins de profits à court terme, mais elle attirera un bassin de clientèle sensible à la dimension verte.
Le second enjeu qui mobilise l’attention de Mme Rabah Gana est lié aux prévisions des bénéfices des entreprises qui affectent leur valorisation. Dans le contexte actuel, où la finance durable prend de plus en plus d'importance, jusqu’à quel point les critères ESG (environnementaux, sociaux et gouvernance) modifient-ils la perception des entreprises par les analystes? Autre question pertinente : dans quelle mesure peut-on faire appel à l’IA pour générer des prévisions de bonne qualité? Pour Marjène, analyser le niveau d’influence de ces outils peut servir de guides pour des actions stratégiques et renforcer la durabilité des entreprises.
Forte de ses réflexions, Marjène incite ses étudiants et étudiantes à tenir compte de ces deux aspects dans l’élaboration de leurs projets.
Prix honorifique
Marjène Rabah Gana est particulièrement fière d’avoir reçu le prix prestigieux « Femmes tunisiennes de la finance 2023 », décerné par RECONNECTT, qui souligne son parcours universitaire et professionnel exceptionnel.
Comment voit-elle l’avenir? « Aller enseigner est la raison de me lever le matin », déclare Marjène Rabah Gana, radieuse. Cela et la course à pied qu’elle pratique régulièrement. Ses attentes? Que ses étudiants soient heureux. Tout simplement.
