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Génie mécanique Génie énergies renouvelables et efficacité énergétique Recherche et innovation Le développement durable, l’économie circulaire et les enjeux environnementaux

La décroissance soutenable, seule option pour cet expert en énergie

Achetée sur Istockphoto.com. Copyright.

Si Daniel Rousse prône la décroissance soutenable pour atténuer les impacts de l’activité humaine sur l’environnement et sur les espèces qui vivent dans la biosphère, il ne semble pas, pour sa part, être sur le point de ralentir. Ce spécialiste de l’énergie, boulimique de la recherche appliquée, carbure aux projets multidisciplinaires qui ont des impacts concrets et mesurables sur la société et l’avenir de l’humanité.

« Ce que j’aime faire par-dessus tout, c’est de former des gens qui vont devenir des spécialistes des énergies renouvelables et qui sauront proposer des solutions qui tiendront compte des impacts sociaux et environnementaux à long terme », explique d’entrée de jeu le professeur du Département de génie mécanique.

Daniel Rousse croit que la décroissance soutenable est la seule avenue possible pour préserver l’avenir des générations à venir et atténuer les effets de l’humain sur l’ensemble des écosystèmes terrestres. « Le développement durable tel qu’il est promu par certains vise à choisir la vitesse à laquelle nous allons scier la branche sur laquelle nous sommes assis. En ce sens, le mot développement est incompatible avec la durabilité ». Et d’ajouter : « Une croissance infinie dans un système fini est strictement impossible. Si, dans une économie florissante, elle correspond au « progrès », dans un organisme vivant elle se concrétise en un cancer », argue-t-il.

Comprendre et agir

Prendre en considération l’impact global de l’action collective sur les écosystèmes compte certainement parmi les valeurs les plus chères au professeur. Il incite d’ailleurs ses équipes à trouver des moyens pour réduire l’empreinte des systèmes et des équipements sur les écosystèmes en réutilisant des énergies qui seraient irrémédiablement perdues. « Il s’agit simplement de maximiser l’efficacité des systèmes et des équipements dont nous avons besoin », explique-t-il.

Engagements actuels

Les projets de recherche de Daniel Rousse sont à l’image de ses intérêts : ils sont variés. Par exemple, il collabore avec la ville de Saint-Hyacinthe en vue d’optimiser le procédé de biométhanisation de ses matières organiques et d’augmenter la production de biogaz. « Sans un procédé contrôlé, le méthane se forme naturellement et se dissipe dans l’atmosphère. Or le méthane est un gaz à effet de serre plus puissant que le CO2 », précise Daniel Rousse. Le biogaz produit est ensuite réinjecté dans le réseau d’Énergir qui peut ainsi réduire ses importations de gaz de source fossile.

Réacteurs de biométhanisation à Saint-Hyacinthe

Il agit aussi à titre de conseiller scientifique principal – nouveaux produits pour Energie Solutions Air (ESA), une entreprise qu’il a fondée en 2010.

Daniel Rousse, professeur au Département de génie mécanique de l’ÉTS

Daniel Rousse, professeur au Département de génie mécanique de l’ÉTS

ESA fabrique localement des échangeurs thermiques aérauliques à impact environnemental conséquent : ainsi, chacun des échangeurs installés permet de retirer des routes du Canada et des États-Unis l’équivalent annuel de 3 à 7 voitures à moteur thermique.

Il fait aussi partie d’un consortium regroupant des chercheurs et chercheuses de plusieurs universités du Québec mis en place pour aider l’industrie minière à réduire l’impact environnemental de ses activités dans le nord du Québec.

En collaboration avec Mine Raglan, MISA et Hatch, son équipe de recherche tente de réduire à zéro la consommation actuelle de diesel de la mine tout en assurant une puissance électrique continue de 20 MW à l’aide d’éoliennes et de stockage innovant.

Daniel Rousse s’intéresse également au développement communautaire. L’un de ses derniers projets vise à pomper de l’eau avec des panneaux solaires photovoltaïques. Un projet qui permettra d’alimenter des hameaux privés d’eau courante et d’électricité. Ses partenaires de recherche sont situés au Burkina Faso, au Togo, au Sénégal et en Équateur. Selon lui, il est essentiel d’inciter les gens à participer au processus qui aboutira à la création du système de pompage parce que les communautés sont amenées, dans le cadre du processus décisionnel, à évaluer leur consommation d’eau et à l’optimiser en fonction de la production, et ce, de manière à réduire les risques d’une pénurie au cours de l’année.

Il y voit aussi une belle occasion pour sensibiliser les citoyens et citoyennes à l’importance de bien utiliser cette ressource : « c’est le principal écueil : au bout d’un an, si aucune formation particulière n’est prévue, l’habitude est prise, et la consommation d’eau augmente de 10 % à 15 %. L’évaluation initiale ne tient alors plus la route. »

L’importance de tisser des liens

Ce qui l’allume dans la recherche? « Je préfère partager, vulgariser, créer des liens, faire réfléchir et participer à des réflexions collectives, que de publier dans des revues savantes dont le public cible est à la fois restreint et déjà convaincu de l’utilité de la recherche. J’aime aussi créer et réaliser des projets dans plusieurs domaines de façon qu’une innovation naisse de cette intersection. »

Cet intérêt pour la multidisciplinarité l’a d’ailleurs amené à collaborer avec des collègues issus d’horizons variés, dont des médecins, des biologistes et des chimistes, pour ne nommer que ceux-ci. Ces collaborations lui ont notamment permis d’étudier les déperditions thermiques des oies lors de leur migration entre le Cap Tourmente et l’île d’Ellesmere, de créer un nouveau type d’alèses pour améliorer le confort des patients hospitalisés, mais aussi d’implanter un système de thermorégulation au mont Mégantic.

Grâce à cette pluralité d’intérêts, il a pu réfléchir aux questions énergétiques sous l’angle de la décroissance soutenable, de la sobriété énergétique et de l’économie circulaire. L’envie de travailler sur des applications concrètes et industrielles de la recherche l’a poussé naturellement à franchir les portes de l’ÉTS.

La passion avant tout

Bien qu’il déplore le temps que les chercheurs doivent désormais consacrer aux formalités administratives de toutes sortes, Daniel Rousse est toujours aussi animé par la recherche qu’à ses débuts. Et c’est ce qu’il souhaite aux jeunes à qui il enseigne. « Il faut aimer profondément ce qu’on fait. » Et se tenir loin des contrats alimentaires qui risquent de nous fermer des portes pour quelques dollars de plus. « Suivez votre instinct. Vous risquez ainsi d’innover et d’apporter une contribution significative. »