ChatGPT : Cours d’autodéfense pour la communauté étudiante et enseignante

En lançant ChatGPT juste avant les Fêtes, OpenAI aura réussi le coup d’éclat dont rêvent tous les spécialistes en marketing : alimenter les soupers familiaux et faire parler de lui dans les médias ! Il faut dire que ChatGPT, qui est issu d’une nouvelle génération de chatbots alimentés par l’intelligence artificielle (IA), a gagné en popularité dans le monde entier, notamment en raison de sa capacité à générer du texte, à écrire du code informatique et à fournir une mine d’informations sur un large éventail de sujets… En dépit de cet enthousiasme, plusieurs craignent que ChatGPT nuise à la formation des prochaines générations de diplômées et diplômés. Les professeurs Jean-Luc Martel, Richard Arsenault et François Brissette, du Département de génie de la construction de l’École de technologie supérieure (ÉTS), ont effectué leurs recherches. Leur réponse est plutôt nuancée.

Des avantages pour un apprentissage personnalisé

L’IA peut être utile à la communauté étudiante grâce notamment à ses fonctionnalités simulant des situations de tutorat ou permettant un soutien personnalisé. Par exemple, elle peut aider les personnes à acquérir des compétences du côté de la résolution des problèmes en fournissant des exercices supplémentaires avec une description détaillée des étapes menant à sa résolution, ce qui permet de mettre en pratique les théories apprises en classe.

L’IA peut donc servir de complément aux ouvrages de référence, en plus de soutenir le personnel enseignant lorsque celui-ci ne peut offrir toute son attention à une personne éprouvant des difficultés en classe. En effet, ces outils peuvent créer de nombreux exercices adaptés à ses besoins particuliers. Les membres du corps enseignant doivent toutefois veiller à ce que les exercices et les solutions générés par l’IA soient exempts d’erreurs.

Une recherche plus efficace

Ces outils sont particulièrement efficace pour trouver de l’information et des ressources qui peuvent améliorer la compréhension, notamment des articles et des vidéos. Bien qu’un moteur de recherche traditionnel comme Google puisse en faire autant, il semble que ChatGPT soit plus convivial et qu’il facilite grandement la recherche d’information sur mesure. De surcroît, le personnel enseignant peut y recourir pour développer du matériel pédagogique et approfondir le contenu de ses cours.

De solides capacités de traduction et de vérification linguistique

Ces outils sont pourvus de solides capacités de traduction et de vérification linguistique. Ils sont donc utiles pour traduire un texte vers sa langue maternelle ou vers une langue étrangère. Même si des outils comme Google Translate et DeepL peuvent en faire presque autant, ChatGPT se démarque en corrigeant, restructurant, paraphrasant en en enrichissant de façon impressionnante le contenu d’un texte.

En d’autres termes, lorsqu’ils sont utilisés correctement, ces outils peuvent aider les étudiantes et étudiants à améliorer leurs compétences en rédaction, mais ils doivent prendre garde à ce qu’ils ne deviennent pas une béquille.

Les pièges de ChatGPT

En dépit des avantages que nous venons de citer, ChatGPT comporte bien évidemment ses failles. Certaines personnes pourraient être tentées de rédiger des articles et des rapports de laboratoire complets à partir d’instructions qu’ils auront transmises au chatbot. En effet, il est possible de générer un texte complet en soumettant à ChatGPT une liste d’éléments importants que l’on veut aborder, puis de retravailler ce texte afin de lui donner une couleur plus personnelle.

Grâce à ce tour de passe-passe, le texte peut être difficilement détecté par les logiciels anti-plagiat. Ainsi, les détracteurs de ChatGPT ont raison de croire qu’il peut encourager la paresse intellectuelle et entraver l’acquisition des connaissances. Par ailleurs, ChatGPT peut inventer de toutes pièces des références bibliographiques dont l’exactitude est facilement vérifiable, en plus de contenir des biais.

Une possible utilisation malveillante

ChatGPT peut être utilisé lors des examens en ligne, lesquels sont devenus monnaie courante depuis la pandémie. Pour contrer cette utilisation malveillante, le corps enseignant doit favoriser d’autres types d’évaluations. Les présentations orales, les examens imprimés sans accès à l’ordinateur ou l’utilisation de logiciels bloquant l’accès aux outils interdits doivent faire partie de son arsenal.

Les examens à domicile et la rédaction des mémoires sont également un terreau fertile pour ce type de tricherie. Le corps enseignant doit donc tenir compte de ce changement de paradigme et s’interroger sur la validité de certains types d’évaluations étant donné l’accessibilité aux outils s’appuyant sur l’intelligence artificielle.

Un mauvais outil de calcul

Il faut garder à l’esprit que ChatGPT, comme tous les autres outils recourant à l’IA, est loin d’être parfait ! Il est pourvu d’une capacité réduite à résoudre des calculs, en plus de fournir des réponses numériques trop confiantes, incorrectes ou trompeuses. En effet, comme il s’agit d’une IA axée sur le traitement du langage, ChatGPT est dépourvu de fonctionnalités de calcul. Ainsi, bien qu’il soit en mesure de trouver la bonne démarche pour résoudre un problème d’ingénierie typique, ChatGPT ne sait pas calculer. Par conséquent, les réponses aux calculs sont généralement erronées.

Un prétexte pour apprendre à aiguiser son esprit critique

Et si les membres aguerris du corps enseignant sont en mesure de détecter ces failles, les étudiantes et étudiants peuvent facilement se laisser tromper. La prudence reste donc de mise! Cela dit, le corps enseignant peut jouer un rôle de premier ordre en informant ses étudiants et étudiantes des avantages et des inconvénients de ces outils, mais aussi en leur rappelant que l’éthique reste un fondement important pour quiconque aspire à la connaissance.

Après tout, l’arrivée d’Internet et des ordinateurs avait généré les mêmes questionnements, et on ne saurait s’en passer aujourd’hui.

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Qu’est-ce qu’un chatbot ?

Il s’agit d’un programme informatique conçu pour simuler une conversation avec des humains. Certains chatbots utilisent le traitement du langage naturel (NLP pour Natural Language Processing) pour comprendre les questions qui leurs sont posées et y répondre, tandis que d’autres s’appuient sur des règles ou des scripts simples pour répondre à des questions comportant des mots-clés ou des expressions. Enfin, il existe des chatbots purement conversationnels et d’autres conçus pour réaliser des tâches particulières. En général, les chatbots visent à faciliter les interactions entre les humains et les ordinateurs de manière à faciliter l’accessibilité à des renseignement ou à des services. Bien sûr, ChatGPT n’est pas l’unique chatbot à s’appuyer sur l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique pour améliorer ses capacités : Netomi et atSpoke, pour ne nommer que ceux-ci, le font aussi.